Techniques confucéennes du management éthique

Le management des hommes peut-il s’accorder avec le respect d’une éthique ?

A cette question, souvent posée, voici quelques éléments de réponse, à travers l’œuvre, méconnue en France, d’un grand intellectuel qui s’intéressa à la vie de la cité : Kong Fou Tseu (qui se traduit par « Vénéré Maître Kong »), que nous connaissons sous le nom occidentalisé de « Confucius ».

Parler de « techniques confucénnes de management éthique », est ce seulement un exercice intellectuel sans autre but que d’aborder de manière originale des questions longuement débattues et rebattues par ailleurs ? Peut-être, mais songeons que des pans entiers de l’économie mondiale se sont bâtis, en partie, sur la philosophie de Maître Kong…

Je tiens à préciser que j’ai été manager pendant les 25 dernières années de ma carrière professionnelle, un manager assez moyen seulement…

L’époque

Maître Kong est la figure marquante du VIème siècle avant Jésus-Christ en Chine.

La Chine est alors un monde à elle toute seule, difficile d’accès, car cernée de mers, de déserts et de montagnes. Consciente de sa supériorité intellectuelle par rapport à ses voisins de l’époque, elle était la Nation civilisée par excellence. [i] Cependant, elle se présente comme une vaste collection de féodalités dont les seigneurs n’arrêtent pas de faire campagne, faisant et défaisant les provinces, modifiant les frontières, s’alliant, se désalliant, s’annexant et se divisant sans fin dans le fracas des armes sous l’œil indifférent du siège impérial.

Quand naît Maître Kong, la Chine est agricole. Le bronze, inventé depuis longtemps, est détrôné par le fer. La poudre ne sert sagement qu’aux feux d’artifice. La Chine a inventé l’écriture déjà, le papier aussi, mais il est rare et cher, aussi écrit-on sur des tablettes de bois. Le boulier ne sera inventé que des siècles plus tard. Les arts fleurissent.

L’unité de base n’est pas l’individu mais la famille au sens large du terme. Que l’homme chinois n’aspire pas à l’individualité, cela est principalement dû à cette caractéristique de la société chinoise : l’homme seul n’existe pas, ou alors c’est un hors-la-loi.

La religion chinoise, faible d’abstraction, essentiellement consacrée à la conjuration des peurs, a trois aspects.

Dans le peuple, domine le culte des esprits et le culte des ancêtres. Les nobles, les citadins, ont une troisième composante religieuse, le culte du Ciel, où règne l’Auguste Souverain, entouré d’une hiérarchie identique à celle qui prévaut sur terre et dont le souverain terrestre est le représentant, le fils du Ciel.

Dans ces temps troublés fleurissent divers courants philosophiques qui ont été nommé les « Cent écoles ». Ils veulent mettre fin au chaos politique et définir un bon système de gouvernement. C’est le moment où naît celui qui deviendra Maître Kong.

La vie

On s’accorde généralement pour faire naître Maître Kong en 551 ou 552 avant J.-C., à Zou, une petite bourgade de la province de Lou, dans la Chine du Nord-Est. Son père était un seigneur féodal, un mandarin de Lou, guerrier remarquable, mais de rang modeste.

Kong grandit dans la pauvreté ; devenu adulte, il se maria et eut des enfants, filles et fils. Il fut d’abord surveillant de la production agricole, puis professeur, tant sa connaissance des rites, des cérémonies et des cultes était grande. Son enseignement était l’enseignement officiel. Mais sa personnalité le fit sortir de ce cadre formel et c’est alors qu’il commença à avoir des disciples, à 34 ans.

Dans la guerre et le désordre de son pays, pour servir celui-ci en promouvant la paix et la prospérité, Maître Kong avait choisi le seul moyen qui lui paraissait possible, occuper un poste-clé dans le gouvernement.

Il cherchait toujours un souverain sage au service duquel se mettre, mais il ne trouva que rarement. Il occupa cependant plusieurs postes dans ce qui était la fonction publique des états chinois.

Mettant alors ses principes en application, il devint une sorte de ministre ou de haut fonctionnaire de Lou.

Sa vie s’achève en 479 av. J.-C., à l’âge de 73 ans. Le duc de Lou fit ériger un temple funéraire ou furent réunis ses vêtements, son luth ; et c’est de là que partit le culte confucéen.

L’œuvre

S’il  marqué, ce n’est pas par son œuvre écrite, parce que, plus qu’à écrire lui-même, Maître Kong s’est plu à compiler des textes anciens. Aussi est-il difficile de faire la part de la compilation et de l’œuvre originale.

Il remania le divers traités existants, que l’on appelle les « Six Classiques ».  Quant à ses Entretiens[ii], le « Loun You », recueil de paroles (dont certaines et même la plupart, nous le pensons, doivent être authentiques), ils ont été compilés au début du IVème siècle avant notre ère.

L’influence

Après la mort de Maître Kong, ses disciples[iii] développent l’idée qu’en cultivant sa personne, le sage diffuse autour de lui un principe d’ordre. Celui-ci s’étend alors, de proche en proche, de l’individu à tout l’Univers. L’homme doit respecter ce principe d’ordre divin qu’il doit apprendre à connaître pour en refléter l’harmonie, comme il doit prendre en exemple les grands hommes et les sages du passé.

Peu à peu se construit au fil des ans une pensée dont l’homme idéal est le lettré fonctionnaire qui sert la société et qui est le gardien de l’ordre familial. Une pensée sans église ni prêtre, mais avec des temples de Maître Kong. Nous la nommons confucianisme.

Cette pensée devient en quelque sorte la religion officielle, celle des lettrés, ce mot allant bien au-delà de la connaissance livresque pour désigner une classe sociale noble, mais pauvre et sans terres. La dynastie des Han en fit la doctrine officielle de l’État impérial chinois.

Ce confucianisme va subir une notable transformation doctrinale sous l’influence du taoïsme et du bouddhisme. Il intégrera des préoccupations métaphysiques issues du Yi-King. Petit à petit se forme le néo-confucianisme, qui a presque duré jusqu’à nos jours. Sans lui, la Chine serait peut-être bouddhiste, musulmane ou chrétienne. Il a tellement influencé la société chinoise que l’interprétation néo-confucianiste des classiques resta la seule considérée comme orthodoxe et son étude fut rendue obligatoire pour les examens d’État.

Dans le confucianisme, Maître Kong n’a jamais été considéré comme une divinité, ni comme le créateur d’une religion, mais plutôt comme un maître immortel de sagesse et de sainteté, à l’origine d’une éthique sociale.

C’est justement cette éthique sociale qui nous permet d’en faire un maître à penser du management dans l’entreprise.

Maintenant que nous avons situé l’homme, que nous avons vu comment sa pensée se place dans l’histoire de la Chine, parlons de son enseignement. Et, pour en parler, laissons lui la parole, à travers les entretiens[iv] qu’il a eus avec ses disciples, et que ceux-ci ont recueillis. Nous utilisons les traductions des « Entretiens avec ses disciples » d’André Lévy, (Flammarion éditeur), pour une partie des citations, et de Séraphin Couvreur (dans une révision de Muriel Baryosher-Chemouny, éditions des Mille et une nuits) pour l’autre partie.

Laissons maintenant la parole à Maître Kong.

Les qualités personnelles du manager

Celui qui veut travailler avec les hommes et les femmes, et les faire travailler, doit avoir, avant tout, des qualités personnelles qui entraînent derrière lui ses collaborateurs.

Voyons quelles sont les qualités personnelles que Maître Kong met en avant.

Maître Kong enseignait que le manager doit se connaître lui-même avant toute chose, et à sans cesse se corriger :

« Je m’examine trois fois par jour », disait Maître Zeng. « Ne me serais-je pas acquitté loyalement des affaires que j’ai menées pour autrui ? N’aurais-je pas été de bonne foi dans des paroles échangées avec des amis ? Aurais-je transmis ce que je n’ai point pratiqué ? »[v]

« Être en faute sans se corriger, c’est cela que j’appelle faute », dit le Maître.[vi]

Maître Kong enseignait qu’il convient de travailler sur soi sans se soucier des autres, et de cultiver ses qualités plutôt que les apparences :

« Tous les gens du pays l’aiment. Que faut-il en penser ? » demandait Zigong.

– « Cela ne suffit pas », répondit le Maître.

– « Tous les villageois le détestent. Que faut-il en penser ?

– Cela ne suffit pas à se prononcer. Il vaudrait mieux que les braves gens du pays l’aiment et que les méchants le détestent. »[vii]

« Parole habile et mine affable vont bien rarement avec bonté vraie. »[viii]

Il enseignait aussi la gestion du temps :

« Qui ne se soucie du long terme, connaîtra fatalement les ennuis du court terme », dit le Maître[ix].

Maître Kong enseignait non seulement pourquoi et comment l’homme doit étudier, mais encore que l’étude et le savoir ne sont rien s’ils ne sont pas mis au bénéfice de la collectivité, sans autre récompense que d’avoir accompli son devoir de citoyen :

« Mon cher You », dit le Maître, « veux-tu que je t’enseigne ce qu’est savoir ? Savoir ce qu’on sait, ne pas savoir ce qu’on ne sait pas, c’est cela le savoir. »[x]

« A quinze ans », dit le Maître, « ma volonté était d’étudier. A trente ans, je l’avais établie. A quarante ans, je n’avais plus de doutes et, à cinquante, je connaissais le destin que m’avait imparti le Ciel. A soixante ans j’avais l’oreille accueillante et à soixante-et-dix ans je pouvais me laisser aller à tout ce que mon cœur désirait sans enfreindre les bornes. »[xi]

« Savoir ne vaut aimer ; aimer ne vaut y trouver joie », dit le Maître.[xii]

Se connaître, s’améliorer, étudier, remplir sa mission de Service public, voilà comment le Maître concevait les qualités personnelles du manager.

Le manager et les relations inter-personnelles

Manager les hommes, c’est entretenir avec eux des relations entre individus, relations d’un type particulier, ni amicales, ni distantes. C’est, aussi, savoir apprécier ses collaborateurs.

Maître Kong enseignait tout d’abord à connaître les autres :

« Ne vous désolez point d’être méconnu, mais désolez-vous de méconnaître autrui. »[xiii]

Maître Kong enseignait le respect de l’autre, de son libre arbitre, de sa liberté, et de sa vie en toutes circonstances, vision très moderne des droits de l’homme. Notons là qu’il s’agit d’une conception des droits de l’homme qui est extrêmement proche de la nôtre, voire identique[xiv] :

« L’homme de qualité ne traite personne en ustensile », dit le Maître.[xv]

« Il est permis d’arracher aux trois corps d’armée leur commandant en chef mais nul particulier ne saurait être privé de son libre arbitre », dit le Maître.[xvi]

« Cent ans de bon gouvernement triompheraient aussi de la cruauté, élimineraient la peine de mort : des paroles d’une grande vérité ! », dit le Maître.[xvii]

Maître Kong enseignait le respect de ses engagements[xviii] :

« A juste foi due, paroles tenues ! Respect conforme à la courtoisie éloigne honte et avanies. Aussi, qui n’a point failli à ses proches, demeure toujours acceptable » dit Maître You.[xix]

Maître Kong enseignait que la motivation des autres passe par le respect mutuel :

Comme Zigong lui demandait s’il connaissait un mot qui méritât de diriger la conduite d’une vie entière, le Maître répondit : « Ne serait ce pas le mot mansuétude ? Ne pas infliger à autrui ce qu’on ne voudrait pas que l’on vous fit. »[xx]

Les connaître, respecter leur liberté et leur vie, les traiter avec courtoisie, avec justice, et surtout avec bonté, voilà comment le Maître concevait les relations du manager avec ses collaborateurs.

Le manager et l’entreprise

Il est évident que nous ne trouverons pas, en Chine, 6 siècles avant notre ère, l’entreprise d’aujourd’hui. Deux structures, cependant, intégraient les hommes dans des relations de production et de dépendance : la famille et l’État.

Maître Kong enseignait les devoirs de l’homme envers sa famille, devoirs qui peuvent être étendus à son entreprise, enfin, à ses dirigeants :

« Au service de son père et de sa mère on ne formule de remontrance qu’avec mesure. S’ils ne manifestent pas l’intention de vous suivre, redoublez de respect sans les contrarier. Vous pouvez vous en inquiéter, mais sans leur en tenir rancune », dit le Maître.[xxi]

« On ne saurait se dispenser de connaître l’âge de son père et de sa mère, d’une part pour s’en réjouir, d’autre part pour s’en inquiéter », dit le Maître.[xxii]

Maître Kong enseignait qu’il convient de travailler sans relâche et avec désintéressement au service de son entreprise, à condition qu’elle suive la voie juste[xxiii] d’une entreprise citoyenne :

Zilu, son disciple, l’interrogeait sur l’art de gouverner.

« Donner l’exemple de ne pas ménager sa peine », dit le Maître.

– Et encore, je vous prie.

– Sans se lasser ! »[xxiv]

« Dans un pays qui suit la juste voix, parle franc et agis droit. Dans le cas contraire, agis droit mais parle avec discrétion », dit le Maître.[xxv]

Maître Kong enseignait que c’est par la justice et par le respect de ses collaborateurs qu’il convient de gouverner[xxvi] :

« Dirigez-le à coup de règlements, maintenez-le dans le rang par des châtiments », dit le Maître, « le peuple les esquivera sans vergogne. Menez-le par la vertu, maintenez-le en ordre par la courtoisie : il sera vergogneux et scrupuleux.[xxvii]

Le duc Ai demanda : « Que faire pour maintenir le peuple dans l’obéissance ? »

Maître Kong répondit : « Le peuple sera soumis si vous promouvez des gens droits pour les placer au-dessus des retors ; dans le cas contraire, il ne le sera point. »[xxviii]

Maître Kong enseignait que, avant la sécurité matérielle, avant la survie même, c’est la confiance du personnel, sa motivation, dirons-nous maintenant, qui fait sa force :

A Zigong qui lui posait des questions sur l’art de gouverner, le Maître dit : « Assurer la subsistance, assurer la défense et inspirer confiance à la population. 

– A laquelle de ces trois choses faudrait-il d’abord renoncer si l’on ne peut faire autrement ?

– A la défense.

– A laquelle des deux choses faudrait-il renoncer si l’on ne peut faire autrement ?

– Aux subsistances. La mort est le lot d’un chacun, mais sans la confiance, la population ne se dressera pour l’affronter. »[xxix]

Enfin, Maître Kong enseignait la suprême valeur de l’exemple :

« La rectitude est en lui : tout marche sans qu’il commande. Il n’est pas lui-même droit : il a beau donner des ordres, rien ne s’ensuit », dit le Maître.[xxx]

« Gouverner en vertu de sa force morale », dit le Maître, « c’est se comporter comme l’étoile polaire : elle demeure à sa place, tandis que la foule des astres lui rend hommage. »[xxxi]

La servir loyalement quand elle en est digne, avec désintéressement, dans la justice et le respect du personnel, en inculquant à celui-ci la confiance et la vertu par la puissance de l’exemple, voilà comment le Maître concevait les devoirs de l’homme envers son entreprise.

La pensée manageriale de Maître Kong

Si nous devions nous résumer[xxxii], nous dirions que les principaux points de son enseignement consistaient dans la piété filiale, l’amour fraternel, la loyauté, l’indulgence, le perfectionnement de soi-même, la bonne organisation, la bonne administration, l’équité.

La piété filiale consiste à vénérer ses parents d’un coeur plein de respect, l’amour fraternel consiste à vivre en bon accord avec ses frères et soeurs. La loyauté consiste à rester fidèle au roi ; l’indulgence consiste à se conduire avec les autres comme on voudrait que l’on se conduise avec nous. Le perfectionnement de soi-même consiste à se corriger de ses défauts ; la bonne organisation consiste à maintenir l’ordre dans sa famille. La bonne administration consiste à bien administrer son pays ; l’équité consiste à bien gouverner l’Empire pour qu’il soit en paix.

Ce que Maître Kong applique à ses parents, à sa famille, à son pays, nous pouvons l’appliquer à l’entreprise.

Quoi de mieux, pour être respecté et suivi de ses collaborateurs, que de mettre en œuvre les qualités confucéennes ?

L’exploitation politique et économique de la pensée confucéenne

Ainsi, deux millénaires et demi durant, ou peu s’en faut, la pensée et l’influence de Maître Kong ont marqué la vie d’une grande part des Chinois, des Coréens, des Vietnamiens, des Japonais, et jusqu’à certains Européens.

Mais cette pensée a été, le plus souvent, l’objet d’une récupération[xxxiii], et encore aujourd’hui certains apologues des valeurs traditionnelles asiatiques voudraient en faire à la fois une morale d’État et un porte-drapeau de l’Asie contre les valeurs préconisées par les pays démocratiques occidentaux.

Dans les « dragons économiques », de nos jours, confucianisme signifie ordre, obéissance aux supérieurs, dévouement à l’État[xxxiv], défense de la famille. Ce corpus de valeurs est censé favoriser un développement harmonieux, car il permet de limiter les appétits individuels. En effet, le confucianisme met les intérêts du groupe au-dessus de ceux de l’individu et permet ainsi d’assurer l’ordre social. Il constitue un bon antidote contre l’extrême individualisme et l’appât du gain qui ont envahi la Chine depuis le déclenchement des réformes de Deng Xiaoping.

Tenter d’appliquer la penseé de Maître Kong au management des entreprises n’est donc pas entièrement une nouveauté… même si la dimension éthique n’est pas forcément prépodérante dans l’application qui en est faite dans les entreprises asiatiques.

D’autres « dits » de Maître Kong, sur la vie en société

Au-delà des citations que nous avons choisies pour illustrer le management, en voici d’autres, plus générales :

Le Maître dit : « Si, après avoir entrepris d’élever un monticule, j’abandonne mon travail, quand il ne manquerait qu’un panier de terre, il sera vrai de dire que j’ai abandonné mon entreprise. Si, après avoir commencé à faire un remblai, je continue mon travail, quand même je ne mettrais qu’un panier de terre, mon entreprise avancera. »[xxxv]

Comment mieux illustrer la nécessité de la persévérance ?

Le Maître dit : « Il est rare de trouver un homme qui se livre trois ans à l’étude, sans avoir en vue un salaire. »[xxxvi]

Bien évidemment, ni nos collaborateurs, ni nous-mêmes, ne travaillons sans avoir pour objectif d’en tirer un profit financier…

Le Maître dit : « Le sage est calme et serein. L’homme de peu est toujours accablé de soucis. »[xxxvii]

Le manager doit rester calme et serein, mais ce n’est pas une raison pour stresser ses collaborateurs.

Le Maître dit : « Étudiez, comme si vous aviez toujours à acquérir ; et craignez de perdre ce que vous avez acquis. »[xxxviii]

Éloge de la formation continue…

Le Maître dit :

« Seu, me considères-tu comme un homme qui a beaucoup appris et beaucoup retenu ?

– Oui », répondit Tzeu-Koung. « Suis-je  dans l’erreur ?

– Tu es dans l’erreur », reprit Maître Kong. « J’ai un fil qui relie tout. »[xxxix]

Le manager n’a pas besoin d’être un expert dans le domaine qu’il manage, mais il doit avoir une solide connaissance d’ensemble du fonctionnement de l’entreprise.

Tzeu-Lou passa une nuit à la Porte de Pierre. Le gardien de la porte lui dit :

– « D’où venez-vous ?

– De l’école de Maître Kong » répondit Tzeu-Lou.

– « C’est, reprit le gardien, un homme qui s’applique à faire une chose qu’il sait être impossible. »[xl]

S’appliquer à faire l’impossible, cela nous arrive, et, parfois, même, cela nous réussit.

Merci, Maître Kong !

Confucius entouré de ses disciples

[i] « Zhongguo », terme chinois pour désigner la Chine, signifie littéralement « Pays du milieu ».

[ii] Ou analectes, en chinois, ce titre voudrait dire « Paroles recueillies à l’issue de discussions ».

[iii] Le plus connu d’entre eux est Tseng-Tseu.

[iv] Ces « Entretiens avec ses disciples » sont cités dans ce document sous le terme « Entretiens », suivi du traducteur (André Lévy, Flammarion éditeur, pour une partie des citations, et Séraphin Couvreur, dans une révision de Muriel Baryosher-Chemouny, éditions des Mille et une nuits, pour l’autre partie) et des numéros de chapitre et de citation. Nous ne les citerons en note que par « trad. Lévy » et « trad. Couvreur »

[v] Entretiens, trad. Lévy, 1.4.

[vi] Entretiens, trad. Lévy, 15.30.

[vii] Entretiens, trad. Lévy, 13.24.

[viii] Entretiens, trad. Lévy, 1.3.

[ix] Entretiens, traduction André Lévy, 15.12

[x] Entretiens, trad. Lévy, 2.17.

[xi] Entretiens, trad. Lévy, 2.4.

[xii] Entretiens, trad. Lévy, 6.20.

[xiii] Entretiens, trad. Lévy, 1.16.

[xiv] De quoi faire taire ceux qui soutiennent des interprétations régionales, limitatives, des droits de l’homme, au nom de particularismes culturels qui, nous le voyons, n’existent pas, tout au moins pour la Chine.

[xv] Entretiens, trad. Lévy, 2.12.

[xvi] Entretiens, trad. Lévy, 9.26.

[xvii] Entretiens, trad. Lévy, 13.11.

[xviii] Ajoutons une autre citation à ce sujet :

Le Maître disait de Zichan qu’il se comportait en homme de qualité à quatre égards : « Il est courtois dans sa conduite privée, respectueux au service de ses supérieurs, généreux dans le traitement des gens du peuple et juste quand il les fait travailler. » (Entretiens, trad. Lévy, 5.16)

[xix] Entretiens, trad. Lévy, 1.13.

[xx] Entretiens, trad. Lévy, 15.24.

[xxi] Entretiens, trad. Lévy, 4.18.

[xxii] Entretiens, trad. Lévy, 4.21.

[xxiii] Ajoutons d’autres citations à ce sujet :

A Zizhang qui l’interrogeait sur l’art de gouverner, le Maître répondit : « S’y employer sans relâche, l’exercer avec loyauté. » (Entretiens, trad. Lévy, 12.14).

« Au service de son souverain, on a le respect des affaires avant le souci des prébendes », dit le Maître. (Entretiens, trad. Lévy, 15.38).

[xxiv] Entretiens, trad. Lévy, 13.1.

[xxv] Entretiens, trad. Lévy, 14.3.

[xxvi] Ajoutons d’autres citations, sur le respect mutuel que doivent avoir l’un pour l’autre le gouvernement et ceux qui le servent :

Comme le duc Ding demandait de quelle manière le souverain devait commander ses serviteurs et ceux-ci le servir, Maître Kong répondit : « Il les traite avec courtoisie et les ministres le servent avec loyauté. » (Entretiens, trad. Lévy, 3.19).

A Zilu qui lui demandait comment il fallait servir son seigneur, le Maître répondit : « Ne jamais le tromper, quitte à le heurter. » (Entretiens, trad. Lévy, 14.22).

[xxvii] Entretiens, trad. Lévy, 2.3.

[xxviii] Entretiens, trad. Lévy, 2.19.

[xxix] Entretiens, trad. Lévy, 12.7.

[xxx] Entretiens, trad. Lévy, 13.7.

[xxxi] Entretiens, trad. Lévy, 2.1.

[xxxii] Jacques Gernet (dans « L’intelligence de la Chine », Gallimard éditeur) résume ainsi les meilleurs aspects de la tradition confucéenne :

« La conviction que la nature humaine est perfectible et que l’homme est un être fait pour vivre en société, le souci de la discipline personnelle, le respect des autres, le goût de l’étude et le sens de l’intérêt général. »

[xxxiii] Les éléments sur la récupération politique du confucianisme en Orient sont issus d’un mémoire de fin d’études, réalisé dans le cadre d’une maîtrise en relations internationales par Madame Agnès Le Béon. Ce travail « L’application des droits de l’homme en Chine est-elle possible ? » a été soutenu en juin 1996. Il se trouve sur l’Internet à www.ceic.com/obser/dh.html.

[xxxiv] C’est un confucianisme à la Lee Kuan Yew, président autoritaire de Singapour mais dont le modèle de développement, fort efficace, fait la jalousie de ses voisins d’Asie : la réussite économique de Singapour, son absence de problème d’ordre public exercent un attrait indéniable sur bon nombre des technocrates chinois.

[xxxv] Entretiens, trad. Couvreur, 9.18. A rapprocher, par curiosité, de la trad. Lévy :

« Comparons notre travail à la construction d’un tertre : si l’on s’arrête avant le dernier panier, nous porterons la responsabilité de son inachèvement. Comparons-le à l’aplanissement d’un terrain : n’aurait-on versé que le premier panier, si l’on persévère, nous progresserons. »

[xxxvi] Entretiens, trad. Couvreur, 8.12.

[xxxvii] Entretiens, trad. Couvreur, 7.36.

[xxxviii] Entretiens, trad. Couvreur, 8.17. Accompagné du commentaire suivant :

« Celui qui ne progresse pas chaque jour recule chaque jour ».

[xxxix] Entretiens, trad. Couvreur, 15.2.

[xl] Entretiens, trad. Couvreur, 14.41.