Samain
Cette nuit nous ouvrons
La porte entre les mondes
Le monde des vivants
Et le monde des morts
Ceux qui nous ont quitté
Un instant nous reviennent
Nous ne les craignons point
Pourquoi en avoir peur?
Car si de leur vivant
Ils purent faire mal
Nous les vivants, depuis
En fîmes plus encor
Non, nous n’avons pas peur
Et avec les enfants
Nous tournons ce retour
En amusante farce
Nous, nous n’avons pas peur
De ceux qui sont partis
Nous craignons de partir
Partir trop mal, trop tôt
Nous craignons de partir
Sans avoir achevé
Ce qui est notre vie
Ce qui est notre quête
Nous craignons de partir
Sans avoir rien compris
Sans avoir trop aimé
Sans même avoir vécu
Le monde des vivants
Est le monde des morts
La porte entre les mondes
Elle n’existe pas…
1/11/2015
Samain
Samain est une nuit
Ce n’est pas une fête
Où l’on ferait du bruit
En riant à tue-tête.
Samain c’est le grand jour
Où l’on ouvre la porte
On l’ouvre par amour
De ce qui nous importe:
Conserver le passé
Le garder en mémoire.
Ceux qui ont trépassé
Ont construit notre histoire.
Nous faisons revenir
Leur esprit ou leur âme
Pour tisser l’avenir
D’une nouvelle trame.
De ce qu’ils ont tissé
Nous garderons la chaîne
Et le lac du passé
Sera une fontaine.
Samain est transmission
Du temps qui nous inspire.
C’est juste une passion
Et des vers pour la dire.
1/11/2017
Samain et Beltaine
Et nous fêtons Samain, et nous fêtons Beltaine
Nos ancêtres déjà célébraient ces deux temps
Ils furent initiés, il y a fort longtemps
Au cycle des saisons qui sans fin nous entraine.
La saison du printemps où pousse l’herbe verte
Et la saison d’automne où nous lançons des sorts
Pour fermer sans retour, sur le chemin des morts
La porte qui ne doit jamais rester ouverte.
Ou plutôt qui ne doit qu’une fois s’entrouvrir
Une nuit dans l’année, quand l’été vient mourir
Aux portes de l’hiver où s’endort, souterraine
La graine d’où naîtra le blé du lendemain.
Au soleil invaincu nous oublierons Samain
Et dans le feu nouveau nous fêterons Beltaine.
31/10/2019
Samain
Voici le temps venu. Car ce soir c’est la veille
De l’antique Samain, où nous pouvons quitter
Pour une seule nuit, celle où nul ne sommeille
Notre monde et partir pour aller visiter
Un monde dangereux. Mais j’en ai le courage
Et dès la nuit tombée, alors je partirai
Manteau noir sur le dos, dans la lande sauvage
Vers un lointain ailleurs, alors je m’en irai…
Pourrai-je revenir? Je ne sais, je l’espère.
On m’a dit que beaucoup ont perdu le chemin
Qui ramène chez nous. Il n’est aucun repère
Ni de carte tracée sur un vieux parchemin.
Rien ne m’arrêtera, ni la forêt profonde
Ni les sombres marais, ni les sables mouvants.
Ce soir, c’est décidé, je vais changer de monde
Je vais visiter les vivants.
31/10/2022
La porte des âmes
C’est ce soir, cette nuit, que nous ouvrons la porte
Nous ne l’ouvrons qu’une seule fois dans l’année
Au reste des saisons, la porte est condamnée
Nous veillons à ce que nul ne rentre ou ne sorte
Pour l’ouvrir il n’est pas besoin de sacrifices
Pas besoin de tracer le sceau de Salomon
Et, ainsi protégé, d’invoquer le démon
Point n’est besoin de sorts ni de noirs maléfices
Car pour ouvrir la porte il suffit de rêver
Il suffit de penser, et de souvenir
Alors, tout doucement, nous verrons revenir
Ceux qui pour une nuit viennent nous retrouver
C’est la nuit de Samain, point besoin de Sésame
Pour ouvrir un instant la porte du passé
Pour ramener à nous celui qui, trépassé
Vient nous voir un instant pour consoler notre âme
Certes, il repartira, et nous le savons bien
Il ne reverra pas la lumière du jour
Il ne peut pas quitter son éternel séjour
Mais si nous l’oublions, il n’en restera rien
C’est la nuit de Samain, la nuit de la mémoire
Demain se lèvera à nouveau le soleil
Notre père aux couleurs de l’or et du vermeil
Quand Beltaine viendra, nous verrons sa victoire
31/10/2023
Un Samain encore…
Samain, le temps sacré où les morts nous débordent
Franchissant tous les murs, pour une seule nuit.
Ils traversent le Styx et enfin ils abordent
Le monde des vivants où la lumière luit.
Pourquoi donc composer quelques mots qui s’accordent?
C’est qu’aujourd’hui le temps me fuit.
Nous allumons pour eux quelques bougies fragiles
Des lanternes parfois, mais jamais de flambeaux.
Cette nuit pourquoi donc leurs serions nous hostiles?
Samain permet aux morts de quitter leurs tombeaux.
Tourne, rouet du temps. Sur ce rouet tu files
Ce qui tombera en lambeaux.
Pour traverser le Styx, pas de lumière vive
Pas de soleil brulant, non plus d’éclat trompeur.
Juste assez de clarté pour leur montrer la rive
Pour leur dire «Venez, amis, venez sans peur».
Pourquoi faut-il ce soir que je rêve et j’écrive,
Et que je quitte ma torpeur?
Car, oui, les morts ont peur, peur comme tout le monde.
Ils ont peur du mépris, ils ont peur de l’oubli,
De la désaffection, de la froideur profonde
Qui rend l’esprit stérile et le coeur affaibli.
Ne crains rien, ouvrier à la plume féconde,
Droit debout devant l’établi.
Nous, vivants, leur devons un instant de mémoire.
Et alors, apaisés, le chemin du retour
Qui les ramènera dans la nuit froide et noire,
Ils le feront, sereins, sans le moindre détour.
Pourquoi donc aujourd’hui raconter cette histoire?
C’est que demain viendra mon tour.
Beltaine victorieux, le jour de la lumière
Ouvrira le printemps, un matin au réveil.
Il laissera Samain bien loin de lui derrière
Et un monde nouveau sortira du sommeil.
Et les mains réunies en chaine régulière
Nous chanterons sous le soleil.
31/10/2024